(précédemment publié le 12/10/2011)
Remettons les pendules à l’heure.
L’Union Calédonienne et ses partisans sont parfaitement libres de mettre à l’étude un projet de constitution pour l’hypothétique nation indépendante “Kanaky” qu’ils appellent de leurs vœux.
Vœux pieux, s’il en est! Les partisans de l’indépendance de la Nouvelle Calédonie feraient bien de se rendre à l’évidence pour éviter d’avoir à affronter désillusion, amertume qu’apportera immanquablement un referendum-couperet. Car le calcul est simple. Il suffit de regarder les résultats des 3 scrutins 1999-2004-2009 qui ont eu lieu depuis la mise en place de l’Accord de Nouméa :
– en 1999
Loyalistes: 61,64% des suffrages
Indépendantistes calédoniens: 38,36% des suffrages
– en 2004:
Loyalistes: 60,04% des suffrages
Indépendantistes: 39,96% des suffrages
– en 2009:
Loyalistes: 61,78% des suffrages
Indépendantistes: 38,22% des suffrages.
Autant dire que le périmètre de l’audience indépendantiste n’a pas bougé d’un iota en 10 ans (en fait, elle a même légèrement reculé), et il n’y a aucune raison que cela évolue en sa faveur, bien au contraire. En effet, au lieu de se consacrer à essayer de convaincre “les électeurs d’en face” du bien-fondé de leur proposition d’avenir politique, les dirigeants indépendantistes ne s’adressent qu’à leurs troupes. En outre, écrire dans leur projet constitutionnel que “… Kanaky est une république … socialiste…” (c’est fou, c’est surréaliste, on a l’impression d’entendre les discours des Lénine, Staline, ou autre Mao-Tzé-Dong, c’est-à-dire une idéologie que l’Histoire a condamnée) n’attirera certainement pas les faveurs des loyalistes, mais plus encore, est de nature à éloigner les électeurs proches de leurs vues qui prendront peur à l’idée qu’ils ne deviendront que des numéros dans une société et une économie nationalisées.
Le projet de constitution de Kanaky “se dessine”, comme le dit l’article des Nouvelles Calédoniennes du 5 octobre 2011! Très bien. Le dessin et le coloriage, c’est réservé aux enfants. Il serait grand temps que les indépendantistes se réveillent et prennent la mesure des réalités locales et internationales. Les faits sont têtus, il faut regarder l’état de l’Accord de Nouméa 10 ans après et en tirer les conséquences. C’est sans doute ce que ferait Jean-Marie Tjibaou si un Canaque ne lui avait pas ôté la vie.
Les responsables politiques indépendantistes ont conscience de cette arithmétique des urnes. Enfin, je l’espère! Sinon ils ne méritent pas leur rôle dans la société calédonienne.
Je voudrais rajouter qu’à mon sens, il est irresponsable de leur part de continuer à faire miroiter à une jeunesse canaque déracinée, sans repères, désœuvrée, aigrie et déçue des “lendemains qui chantent”. Ils prennent le risque d’incendies qu’ils seront incapables de maîtriser et devront accepter des solutions qu’ils rejettent aujourd’hui. En effet, si les dirigeants et électeurs indépendantistes refusent le résultat prévisible des urnes lors du referendum d’autodétermination de 2019, il n’y aura pas d’autre solution que la partition de la Nouvelle Calédonie. Resteront alors ces malheureux Loyaltiens qui, s’ils votent indépendantistes, se retrouveront à “voguer” avec ce qui constitue aujourd’hui la Province Nord. J’emploie à dessein le mot “voguer”, car les Canaques de la Grande Terre considèrent les gens des Iles comme des “planches à voile” (ce n’est pas moi qui le dis, mais Francois Burck, ancien leader indépendantiste originaire de la Grande-Terre) qui, une fois la partition réalisée, n’auront plus qu’à repartir d’où il sont venus. Bel avenir!!!