République Fédérale Française

Optimisation Du Vote Loyaliste

Les partis loyalistes de Nouvelle Calédonie sont-ils une machine à perdre?

La page Facebook “Optimisation du Vote Loyaliste créée le 26 juillet 2013 défend l’idée que les partis loyalistes doivent impérativement s’unir sur des listes uniques par province lors des élections provinciales du 11 mai 2014. Cela est nécessaire si les loyalistes veulent faire le plein de voix et de sièges au Congrès.

Les conditions du scrutin

En premier lieu il convient de rappeler que c’est à l’occasion du Comité des signataires de l’Accord de Nouméa qui s’est tenu à Paris le 11 octobre 2013 que le Premier ministre a annoncé que les prochaines élections provinciales se tiendraient le 4 mai 2014. Cette date a ensuite été repoussée au 11 mai pour les espacer un peu des élections municipales des 23 et 30 mars 2014.

Le mode de scrutin aux élections provinciales de Nouvelle Calédonie

Selon les règles fixées à l’article 191 de la loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle Calédonie, “les élections ont lieu au scrutin de liste à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne“.

Il est toutefois précisé à l’article 192 que “les listes qui n’ont pas obtenu au moins 5 % du nombre des électeurs inscrits ne sont pas admises à la répartition des sièges“. En fonction du taux de participation ce pourcentage de 5% des électeurs inscrits se traduit généralement par un ratio d’au moins 7 à 8% des suffrages exprimés, ce qui est énorme.

Explication de la méthode de la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne

Dans cette méthode, en prenant en compte le seuil des 5% des électeurs inscrits, les sièges à pourvoir dans une circonscription sont répartis entre les différentes listes en présence, proportionnellement au nombre de suffrages qu’elles ont recueillis. Apres avoir éliminé les listes n’ayant pas atteint le seuil de 5% des électeurs inscrits, on procède en deux temps :

  • La première attribution est faite à partir d’un quotient électoral qui est calculé en divisant le total des suffrages exprimés dans la circonscription par le nombre de sièges à pourvoir. Ce quotient est égal au nombre de voix nécessaire pour avoir un siège. Dans un premier temps, chaque liste obtient autant de sièges qu’elle a atteint de fois le quotient électoral.
  • Mais cette première répartition laisse des restes, c’est à dire des sièges non pourvus. Il s’agit alors, pour la répartition des restes à la plus forte moyenne, de calculer quelle serait pour chaque liste la moyenne des suffrages obtenus par sièges attribués si on accordait fictivement à chacune d’elle un siège supplémentaire. La liste qui obtient la plus forte moyenne reçoit un siège supplémentaire. L’opération se répète autant de fois qu’il reste de sièges à pourvoir.

Conséquences du mode de scrutin en fonction du comportement des partis

Le comportement des partis loyalistes – division ou union – produit un double effet.

L’effet mécanique

Pour illustrer les conséquences de l’union sur l’attribution des sièges du Congrès, prenons les trois cas suivants que nous appliquerons aux résultats des élections provinciales de 2009 :

  • Attributions de sièges selon les diverses listes effectivement en présence (c’est la répartition originelle des sièges de la présente mandature) ;
  • Attributions de sièges en présence d’une liste d’union indépendantiste dans chaque province et avec maintien de la division des loyalistes ;
  • Attributions de sièges en présence d’une liste d’union indépendantiste dans chaque province, mais en présence également d’une liste d’union des loyalistes dans chacune des provinces.

Auparavant il convient de rappeler que la division des partis loyalistes, la volonté “à tout prix” de chaque courant d’opinion de se singulariser dans une liste séparée entraîne une dispersion des voix des électeurs. Des “petites” listes captent ainsi un certain nombre de votes qui sont malheureusement perdus pour la cause loyaliste parce que les listes sur lesquelles ces votes se sont portés sont éliminées car elles n’atteignent pas le seuil de répartition de 5% des électeurs inscrits.

C’est ainsi qu’ont été perdus les suffrages qui se sont portés en 2009 sur :

  • La liste “Avenir Ensemble” – Province Nord – 1414 suffrages soit 4,33% des inscrits
  • La liste “Génération Destin Commun” – Province Sud – 1215 suffrages soit 1,45% des inscrits
  • La liste “ROC Plurielle” – Province Sud – 443 suffrages soit 0,53% des inscrits
  • La liste “Ouverture Citoyenne” – Province Sud – 2974 suffrages soit 3,56% des inscrits
  • La liste “Front National” – Province Sud – 2591 suffrages soit 3,10% des inscrits

Ainsi, en Province Sud, les 4 listes éliminées ont fait perdre au camp loyaliste 7223 voix représentant 8,64% des électeurs inscrits ! Un beau gâchis !

Venons-en à présent aux exercices pratiques annoncés ci-dessus. Nous vous ferons grâce du détail fastidieux des calculs de répartition des sièges qui pour certains cas ont demandé 9 répartitions itératives. Le résultat de ces calculs est présenté sous la forme du tableau simplifié suivant :

  Province Nord  

15

Province Sud

32

Province Iles

7

Ensemble NC

54

 

Sieges

%

 

Sieges

%

 

Sieges

%

 

Sieges

%

 
Independantistes divises

13

86,67%

 

3

9,38%

 

7

100,00%

 

23

42,59%

 
Loyalistes divises

2

13,33%

 

29

90,63%

 

0

0,00%

 

31

57,41%

 
                         
Independantistes unis

13

86,67%

 

4

12,50%

 

7

100,00%

 

24

44,44%

 
Loyalistes divises

2

13,33%

 

28

87,50%

 

0

0,00%

 

30

55,56%

 
                         
Independantistes Unis

11

73,33%

 

4

12,50%

 

7

100,00%

 

22

40,74%

 
Loyalistes unis

4

26,67%

 

28

87,50%

 

0

0,00%

 

32

59,26%

 
                         

Le tableau montre clairement l’influence que la division ou l’union a sur la répartition des sièges au Congrès. Par rapport à la situation de référence où les 2 camps se sont présentés en ordre dispersé en 2009 (23 indépendantistes, 31 loyalistes), l’union des indépendantistes face à la division des loyalistes leur aurait fait gagner 1 siège par rapport à la situation de référence (24 indépendantistes, 30 loyalistes). Cependant, en dépit de cette union des indépendantistes, lorsque les loyalistes se ressaisissent et s’unissent, c’est le phénomène inverse qui se produit : les loyalistes auraient gagné 1 siège par rapport à la situation de référence (22 indépendantistes, 32 loyalistes).

L’effet psychologique

A l’effet mécanique de la division ou de l’union mis en évidence ci-dessus s’ajoute un effet psychologique multiplicateur. Le comportement des partis politiques loyalistes n’est pas sans effet sur la psychologie de l’électeur.

L’électorat loyaliste se sent désemparé devant l’annonce par le FLNKS de sa stratégie de regroupement de tous les partis indépendantistes sur des listes provinciales communes. On sent les loyalistes inquiets devant la division apparemment irréductible des partis qui les représentent. Le doute s’installe dans les esprits. Il faut donc les rassurer.

Si les électeurs voient que les partis loyalistes ont su faire taire leurs dissensions et leurs egos, ils se sentiront plus concernés par le scrutin et se mobiliseront plus que d’habitude pour aller voter, augmentant ainsi le score loyaliste. Il faut croire au pouvoir de mobilisation qu’aurait l’union. Il y a certainement une réserve d’électeurs qui, devant la désunion, pensent qu’aller voter ne sert à rien mais qui, en cas d’union, se mobiliseraient pour accomplir leur devoir civique.

Le Plus de l’optimisation du vote loyaliste le 11 mai 2014

L’union des partis qui défendent le maintien de la Nouvelle Calédonie dans la République française permettrait de parvenir à une optimisation du vote loyaliste.

En retenant les résultats des élections de 2009, on peut logiquement penser que l’effet mécanique positif démontré ci-dessus, conjugué à l’effet psychologique de l’union, pourrait permettre de gagner 2 sièges supplémentaires le 11 mai 2014 par rapport à la situation de référence de 2009, faisant ainsi passer le nombre de sièges conquis par les loyalistes à 33, soit plus de 61% des sièges. Cela ne vous dit rien ??? Cela signifie tout bonnement qu’alors les loyalistes disposeraient des fameux trois cinquièmes des sièges au Congrès, auraient les coudées franches, et en particulier qu’ils auraient le contrôle total de la procédure liée au référendum, mais pourraient également intervenir sur un nombre important d’autres points, comme par exemple la clé de répartition budgétaire entre les trois provinces !!!

On comprend mieux alors l’importance qu’il y a de faire taire les égos et de réaliser l’Union Sacrée des partis loyalistes.