République Fédérale Française

République Fédérale Française A Le Vent En Poupe

Le fondateur du projet de “République Fédérale Française“, de formation juridique, économique et financière, savait pertinemment que son concept se heurterait au doute et à la critique si l’on ne prenait pas la peine d’examiner plus en profondeur la proposition.

L’OPPOSITION AU PRINCIPE FÉDÉRAL

FETE DE LA FEDERATION

FETE DE LA FEDERATION

En effet, la plupart des gens, des politiques, des commentateurs pensent que le fédéralisme n’est pas fait pour la France, que cette idée, qui s’était matérialisée le 14 juillet 1790 par la célébration de la “Fête de la Fédération“, a été définitivement enterrée le 10 mai 1793 par la proclamation par la Constituante de “l’unité et l’indivisibilité de la République“.

Il est vrai que la tendance, depuis la Révolution, a été à la centralisation, parfois au centralisme. Il faudra attendre  le Président Charles de Gaulle pour que soit proposée une initiative dans le sens opposé, la “régionalisation”, dont le rejet par référendum du 27 avril 1969 entraîna le départ du Général. Vinrent ensuite, sous la présidence mitterrandienne les lois de décentralisation de Gaston Defferre. Enfin, sous le quinquennat de François Hollande, a été rénové et rationalisé le concept de région.

Ainsi, depuis 50 ans, assiste-t-on à un lent revirement de l’approche publique concernant la prise en compte de l’échelon régional et local.

Ceux qui condamnent le fédéralisme en invoquant la tradition unitaire commettent une lourde erreur d’analyse. Ou limitent-ils leur vision de la tradition à notre seule histoire républicaine, c’est-à-dire, grosso modo, de 1870 à nos jours, soit 150 ans. Car, si l’on veut bien se donner la peine d’examiner et d’analyser objectivement les 9 siècles d’histoire de France entre le règne de Charlemagne et l’absolutisme du règne de Louis XIV, on se rendra compte que l’organisation du royaume s’apparentait beaucoup plus à une sorte de fédéralisme de fait, certes balbutiant et non théorisé, qu’à un État unitaire. C’est d’ailleurs, sans doute, cet état de proto-fédéralisme monarchique qui a inspiré les Girondins de la “Fête de la Fédération“.

La pétition de principe du rejet systématique du projet fédéral vient de l’idée qu’il s’appliquerait au territoire européen, hexagonal, de la France. Or le fédéralisme que défend “République Fédérale Française”, et tel qu’il a circulé dans les sphères du pouvoir dans une période “récente”, ne concerne que la situation des territoires ultramarins par rapport à la République. En fait, depuis la IVe République, le principe est très clair: la “fédéralité” ne doit s’appliquer qu’aux territoires ultramarins exclusivement, la partie européenne du territoire national restant unitaire. Il ne saurait y avoir d’États fédérés de “Bourgogne”, de “Bretagne”, ou de “Provence”…

LA RÉAPPARITION DE L’OPTION FÉDÉRALE

Le concept de République Fédérale Française est effectivement réapparu sous la IVe République et à l’origine de la Ve République:

  • Au cours de l’été 1955, Monsieur Edgard Faure, Président du Conseil, confiait à Monsieur Léopold Sédar Senghor, Secrétaire
    EDGAR FAURE

    EDGAR FAURE

    d’État à la présidence, mais également député du Sénégal, la mission de constituer une commission chargée d’étudier les modifications susceptibles d’être apportées à la Constitution de 1946. Cette commission s’est essentiellement penchée sur les relations entre la France européenne et l’Outre-Mer. Après un examen attentif de ces relations, les conclusions de cette commission, rassemblées dans un rapport remis au Président du conseil à la fin de juillet 1955, furent favorables à l’instauration d’une République Fédérale Française.

  • LEOPOLD SEDAR SENGHOR

    LEOPOLD SEDAR SENGHOR

    Sans surprise, un groupe de parlementaires de l’Outre-mer emmené par Léopold Sédar Senghor déposait le 7 mars 1956 devant le Parlement français une proposition de révision constitutionnelle visant à transformer la République Française en une République Fédérale Française, toujours en faveur de l’outre-mer. Cette proposition, qui avait été renvoyée à la Commission du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du Règlement et des Pétitions, n’a jamais vu le jour, et pour cause. En effet, l’urgence appelait à l’époque à la résolution des désordres et troubles graves apparus en outre-mer, au premier rang desquels l’affaire algérienne.

  • Deux ans plus tard, courant 1958, l’option d’États fédérés d’outre-mer constituait une alternative pour les rédacteurs de la Constitution de la Ve République. Les constitutionnalistes avaient élaboré deux avant-projets, dont l’un prévoyait l’institution d’un État fédéral. Finalement la Constitution, à part les départements et les territoires d’outre-mer, a prévu de regrouper toutes les autres possessions françaises au sein d’une “Communauté”.

On s’aperçoit donc que, dans la période contemporaine, l’option fédérale a toujours été présente lors des choix importants de notre pays.

En outre, depuis que l’Accord de Nouméa a été constitutionnalisé et qu’a été mis en place le statut de très grande autonomie de la Nouvelle Calédonie en tous points conforme à la catégorie d’État fédéré, la République Française est devenue objectivement fédérale, une République fédérale qui ne dit pas son nom.

LE PROJET “RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE FRANÇAISE

Le projet de “République Fédérale Française” a d’abord été conçu pour la Nouvelle Calédonie qui se cherchait un avenir après les périodes troubles et sanglantes qu’elle avait traversées au cours des années 1980. Puis très vite il est apparu que le projet était vraisemblablement adapté à l’ensemble des territoires ultramarins, Corse y compris. Sa première formulation écrite date du 4 mars 1996 sous le titre “Une Utopie Réalisable“.

Au fil du temps nous nous sommes rendu compte que nous avions eu nos aînés de la IVe République.

Les Soutiens Au Projet Fédéral Pour La Nouvelle Calédonie

Le concept de République Fédérale Française est peu ou prou partagé par d’éminentes personnalités:

La constitutionnalisation de l’Accord de Nouméa

Dès l’origine de l’Accord de Nouméa, lors de la réunion du Parlement en congrès pour adopter la modification de la Constitution nécessaire à sa mise en œuvre, le Sénateur Jean-Marie Girault déclarait à la tribune:

L’objectif recherché, c’est le rapprochement de populations et d’ethnies diverses. Celles-ci y consentent et veulent le prendre en charge. Certes, on se rapproche ainsi d’une certaine forme de fédéralisme, mais qui s’en plaindrait s’il est bien vécu ?

Alain Christnacht

Lors de son intervention au colloque “Destin des collectivités politiques d’Océanie” le 10 mars 2011à l’IRD à Nouméa, Alain

ALAIN CHRISTNACHT

ALAIN CHRISTNACHT

Christnacht imaginait trois scenarii de sortie de l’Accord de Nouméa. Le second de ces scenarii était:

Un accord est obtenu sur une solution dans la République, allant au-delà de l’Accord de Nouméa, définissant une citoyenneté stable et laissant à la Nouvelle-Calédonie un large pouvoir d’auto-organisation. On devra alors chercher les limites absolues de l’autonomie, quelque part du côté de la Catalogne ou de certains États américains”.

Or les modèles de référence que se choisit Alain Christnacht sont tous des États fédéraux !

Le Professeur Jean-Yves Faberon

JEAN-YVES FABERON

JEAN-YVES FABERON

Dans sa communication “L’idée fédérale en Nouvelle-Calédonie depuis les accords Matignon” au colloque du 20ème anniversaire des Accords Matignon – Sénat, 25 et 26 avril 2008, le professeur Jean-Yves Faberon exposait:

A la fin de l’accord de Nouméa, l’État aura rétrocédé toutes les compétences à la Nouvelle-Calédonie sauf cinq compétences régaliennes : justice, ordre public, défense, monnaie et affaires étrangères. Précisons de plus que la Nouvelle-Calédonie y participe à certains égards. Cela fait qu’alors, sans être en bonne et due forme un État, elle en aura les compétences… à l’exception des attributs de souveraineté pleine et entière, les compétences régaliennes : ce n’est rien d’autre que le schéma fédéral !”

La solution d’un État de Nouvelle-Calédonie membre de la République française apparaît dès lors comme une voie fédérale propre à faire consensus entre indépendantistes et non indépendantistes de bonne volonté.

Le Professeur Ferdinand Mélin-Soucramanien

FERDINAND MELIN-SOUCRAMANIEN

FERDINAND MELIN-SOUCRAMANIEN

Le rapport “Réflexions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle Calédonie” de Messieurs Jean Courtial et Ferdinand Mélin-Soucramanien identifie et explore 4 quatre principales voies de sortie de l’Accord de Nouméa. La troisième de ces voies est “L’autonomie étendue” qui est, purement et simplement, la voie d’une République Fédérale Française (pp. 57-58 du rapport):

Tout ceci pour souligner que, dans l’hypothèse où la Nouvelle Calédonie s’orienterait vers cette perspective d’une autonomie étendue, le partage de toutes les compétences devrait sans doute être discuté à nouveau sans nécessairement que pèse la contrainte de cadres théoriques dépassés comme celui des compétences dites régaliennes. Dans le cadre d’une telle discussion, la question du partage des compétences serait évidemment centrale, comme elle l’est toujours dans les États fédéraux.

… Dans le cas de la Nouvelle Calédonie, si cette voie était empruntée, le rôle du Conseil constitutionnel comme régulateur des compétences respectives de la République et de la Nouvelle Calédonie, par hypothèse, entité fédérée, devrait être explicitement défini.

L’historien et commentateur politique calédonien Luc Steinmetz

LUC STEINMETZ

LUC STEINMETZ

Aujourd’hui nous avons le plaisir de saluer et de recevoir dans cette même lignée de pensée l’interview de l’historien et commentateur politique calédonien, estimé et reconnu, Luc Steinmetz, dont les propos, toujours mesurés et pertinents, sont en parfaite harmonie et adéquation avec le projet que défend “République Fédérale Française“. Pour voir cet interview, suivre ce lien.